Histoire

UN LIEU EMBLÉMATIQUE DE L’ESPRIT DES LUMIÈRES

Reconstitution du domaine des Noailles au milieu du XVIIIe siècle, réalisée par l’entreprise Hérès
Reconstitution du domaine des Noailles au milieu du XVIIIe siècle, réalisée par l’entreprise Hérès

Conçu par Jules Hardouin-Mansart à la demande d’Anne Jules de Noailles, capitaine des chasses royales, l’hôtel de Noailles a été le bâtiment aristocratique le plus important de Saint-Germain-en-Laye par son envergure et son prestige. Il reçut la visite de trois rois, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, ainsi que de deux futurs présidents des États-Unis d’Amérique, Thomas Jefferson et John Quincy Adams. Il fut aussi un lieu emblématique de l’esprit des Lumières, accueillant les grands noms de la pensée et des arts ainsi que de nombreux musiciens dont Jean-Chrétien Bach et Wolfgang Amadeus Mozart.

Le voisinage de la forêt et l’intérêt de Louis de Noailles pour l’agronomie firent enfin de cette propriété un espace dédié à l’expression du sentiment de la nature, si fort au XVIIIe siècle. Avec ses perspectives imaginées par Hubert Robert, ses arbres magnifiques et ses extraordinaires petites fabriques, le jardin offrait alors au promeneur, en un même lieu, une infinité de sensations et d’émotions.

Le domaine, agrandi et embelli tout au long du XVIIIe siècle, fut loti sous Louis-Philippe et constitue de nos jours un quartier résidentiel au nord de la ville, entre château et forêt. De l’hôtel lui-même subsistent les deux-tiers du corps central et une première travée des ailes, le salon central formant antichambre ayant été détruit par le percement de la rue d’Alsace.

La restitution virtuelle du domaine par la société Hérès

La reconstitution virtuelle du domaine par la société Hérès
La reconstitution virtuelle du domaine par la société Hérès

Nous avons eu la chance de pouvoir bénéficier, dans le cadre des recherches menées sur l’hôtel de Noailles à Saint-Germain en Laye, du mécénat de compétence de l’entreprise Hérès, dont le dirigeant est passionné d’architecture classique. Après des travaux de modélisation du bâtiment, nous nous sommes lancés dans la restitution numérique des jardins, sans d’ailleurs nous rendre compte de tous les défis techniques, mais aussi historiques, que l’aventure impliquait. Après une première réalisation relative aux jardins de la fin du XVIIe siècle, nous avons pu pour la phase suivante améliorer tant les outils techniques que le savoir-faire de réalisation.

La restitution est un travail de valorisation de la recherche qui ne peut se concevoir sans des recherches approfondies et interdisciplinaires sur l’histoire d’un jardin sur la longue durée. Ce fut le cas en ce qui concerne les jardins de l’hôtel de Noailles qui ont fait déjà l’objet de plusieurs articles dont les auteurs ont accepté de servir de conseils pour la réalisation de ce projet.

L’ensemble du travail se développe sur un siècle en trois périodes dont les deux premières ont d’ores et déjà fait l'objet d'une restitution :

- les jardins du premier état en prolongation de l’édification du bâtiment (1679) : des jardins formels à partir d’un plan aquarellé de 1701, conservé aux archives départementales des Yvelines ;

- les jardins des années 1770, lorsque Louis de Noailles obtient de les étendre vers l’est, crée une nouvelle entrée en face du domaine royal, déplace les écuries et conquiert de nouveaux espaces de plantation. Un plan de Saint-Germain circa 1770, conservé aux archives nationales, en donne le tracé ;

- les jardins de la toute fin du XVIIIe siècle, étendus de manière considérable vers l’ouest et créés « à la nouvelle mode » selon une esthétique pittoresque, marquée par de nombreuses fabriques, un nouveau style, et de nouvelles espèces de plantation.